PETITE ACTION FAISABLE (PAF): L’ÉNONCÉ DÉVOILE L’ESPRIT DU CONCEPT, MAIS, LA COMPRÉHENSION…

[Marie Lamboray]

Je partage cette histoire au nom de Jean Baby Fulama, facilitateur en RDC:

Une petite histoire (anecdote) qui corrobore le concept PAF, en soutien à la définition élaborée à partir des propositions avancées par les collègues facilitateurs de RDCCompétence :

La PAF est une action concrète et mesurable, significative et pertinente, entreprise pour introduire un changement. Il peut s’agir d’un changement d’habitude.

La PAF est facile à mettre en œuvre avec les ressources disponibles, sans attendre une aide extérieure.

Elle peut être individuelle mais elle sera encore plus efficace si elle est collective, c'est à dire effectuée grâce à l'engagement et l'effort de la majorité de membres de la communauté

et consensuelle, c'est à dire qu’elle n'est pas imposée, elle entraîne l'adhésion volontaire des uns et des autres.

 

Histoire d’illustration :

Octobre 2010 en province du MANIEMA, RD CONGO. Nous co-animons la formation à l’approche SALT de membres de la coordination provinciale de l’Union Congolaise des Personnes vivant avec le VIH/sida (UCOP+). Quelques jours avant notre arrivée à la ville de KINDU (chef-lieu), au moins 15 personnes dont en majorité des étudiants de l’Université portant le nom de la ville ont péri noyés dans le fleuve Congo lors d’une des nombreuses traversées en pirogue motorisée.

En dépit de cet événement funeste, les habitants de KALIMA (ville située sur l’autre rive) n’ont pas le choix car vivant en situation de dépendance vis-à-vis du chef-lieu et, parmi eux, le tiers des participants de la formation.

À un moment de la formation, se fait sentir le besoin d’illustrer ce que sont les Petites Actions Faisables. Inspirés par l’actualité de KINDU, nous avons facilité la compréhension des participants par un exemple typique, découlant de la corrélation entre les réponses aux deux questions ci-après :

1.       Quelles seraient selon vous les causes probables de la dernière noyade de plus de 15 personnes dans le fleuve CONGO ?

2.       Que faire au niveau de la population pour éviter qu’une telle noyade se répète ?

Réponses des participants :

A.     1.  Non prise en compte du mauvais temps ; surcharge ; mauvais état de la pirogue ou du moteur ; état d’ivresse ou fatigue du conducteur, etc.

B.     2.  Relier KINDU et KALIMA par un pont sur le fleuve serait idéal, certes, mais, cela exigerait de la haute technologie et des moyens que nous n’avons pas. Même en dix ans, nous ne saurions pas rassembler ces moyens. Cependant, nous pouvons ensemble, exploitants des pirogues et voyageurs, éviter les noyades en veillant tous à ce qui suit :

• Prendre toujours en compte les prévisions météo;
• Limiter le poids total (nombre de personnes à bord et quantité de marchandise) ;
• S’assurer du bon état général de la pirogue;
• S’assurer de la sérénité du conducteur;
• Limiter les heures et le nombre de traversées.

Ainsi, les participants ont identifié les causes vraisemblables de la noyade et ils ont trouvé cinq Petites Actions Faisables qui pourraient dorénavant permettre de sécuriser les traversées en pirogue sur le fleuve CONGO entre KALIMA et KINDU, et vice-versa.

PAF aussi simple que possible, pourvu qu’elle aboutisse à une réponse locale face à un problème donné ! Merci.

 Jean Baby FULAMA,

RDCCompétence.

[hervé guidou]

Merci à Jean Baby Fulama et à  Marie Lamboray pour avoir élaboré et rapporté cette approche simple, claire concrète et pertinente.