PERIODE: Du vendredi 13 au lundi 23 mars 2009
C’est pour la deuxième fois en moins de 12 mois que j’ai l’occasion de participer à un partage d’expériences avec Bel compétence et le moins qu’on puisse dire est que chacune des rencontres, chaque activité organisée me rappelle que je suis humain et j’ai encore beaucoup à apprendre des autres.
.
Ces 10 jours de partage ont eu comme activités principales la facilitation de l’autoévaluation de Bel compétence, la rencontre avec les partenaires (CTB, MEMISA et la Fondation Roi Baudouin), les visites Salt, la participation de RDCCompétence dans le blended learning et la foire d’échange.
Chaque activité prévue a été riche en apprentissage et en partage :
1. La facilitation de l’autoévaluation de Bel Compétence m’a appris que toute organisation en formation comporte très souvent en son sein deux ou trois personnes qui sacrifient, dans un premier temps, de leurs énergies, de leur temps mais aussi de leurs finances pour soutenir l’œuvre commune. Celles-ci stimulent les autres par leur volonté, le reste du groupe se découvre au fur et à mesure et vient se greffer autour du noyau, l’agrandit et facilite le partage des rôles.
Une autre leçon apprise est l’importance des rencontres régulières entre facilitateurs. Nous le faisons avec RDCCompétence mais je n’avais jamais clairement saisie l’importance de ces rencontres jusqu'au moment où j’entendais les facilitateurs de Bel Compétence reconnaître que leur faible fréquence a contribué à la faible apprentissage des réponses locales, au faible partage d’expériences entre facilitateurs, à la faible mobilisation des ressources internes,…
En effet, les rencontres régulières des facilitateurs leur permettent principalement d’échanger les expériences, de discuter sur l’organisation de leur structure, de mesurer leur progrès et de se sentir membre d’un même groupe, d’une même communauté.
2. Après la rencontre la Coopération Technique Belge, j’ai compris une chose qui a « changé ma vie » : Quel que soit le but de la rencontre avec les partenaires, il faut être claire sur ce que vous êtes (présentation), sur ce que vous faites (activités) et en quoi vous pouvez leur être utile (perspectives).
En effet, le but de la rencontre avec la CTB était défini comme étant une rétrospective de son appui à RDCCompétence à travers le projet d’appui au Programme National de Lutte contre la Sida (PNLS) avec le financement de la Fondation Roi Baudouin. De ce fait, je ne me suis pas senti obligé de parler de notre organisation interne, du projet du contrat signé avec le Programme National Multisectoriel de Lutte contre la Sida (PNMLS),…Bref , je n’ai pas assez vendu ma structure. C’est pendant la revue après action organisée juste après la rencontre que je m’en suis rendue compte et je l’ai noté parmi les pratiques à améliorer. Ce qui a été fait lors des deux rencontres suivantes, celle avec MEMISA et celle avec la Fondation Roi Baudouin. Le premier a demandé un draft de budget pour avoir une idée de ce que coûte un accompagnement des communautés pendant une année et le deuxième a affirmé être un des alliés de RDCCompétence et a demandé d’être régulièrement informé de l’évolution de ses activités.
3. Les visites Salt effectuées à Lhiving (une organisation encadrant les personnes séropositives et les familles affectées) et à l’école Schaller m’ont permis de découvrir une réalité malheureuse : les stratégies et les actions de lutte contre le VIH/SIDA de ces vingt dernières années ont été tellement tournées vers le sud que les jeunes du nord sont de moins en moins informés sur le VIH et la Sida. Ils pensent tout connaître mais lorsqu’ils en parlent, ils se rendent compte qu’ils ne connaissent que très peu ou qu’ils sont mal informés.
Si j’apprend personnellement qu’une de mes amies, ici à l’école, est atteinte du VIH, je ne vais pas m’éloigner d’elle car je sais que le Sida ne se transmet pas en se serrant les mains ou en discutant avec une personne atteinte. Mais, ce qui est sûr, je ne pourrai pas manger avec elle parce que peu être qu’elle va se blesser avec les couverts, laisser le sang dans la nourriture et me contaminer.
Une fille de 17 ans lors de la visite Salt à l’école Schaller.
Beaucoup de phrases comme celle-ci sont sorties des jeunes belges pendant mon court séjour à Bruxelles, or à Kinshasa la connaissance des modes de transmission du Sida en milieu des jeunes est de plus en plus en progression. Mais, comme on dit, Kinshasa n’est pas le Congo, il faut reconnaître que cette progression n’est pas la même dans tout le pays.
4. La participation de RDCCompétence au blended learning a consisté à la remise des cassettes des réunions de partage d’expériences de RDCCompétence et des interviewes filmées de quelques facilitateurs du Congo qui parlaient de leur compréhension du Salt, de l’apport de celui-ci en eux-mêmes d’abord puis aux communautés qu’ils accompagnent. Ceci a été complété d’une discussion sur les expériences congolaises et la facilitation de l’autoévaluation en RDC.
Sur ce dernier point, l’autoévaluation au Congo est devenue une vraie discussion, très naturelle grâce aux trois facteurs suivants :
L’arrêt de la distribution des cadres d’autoévaluation aux participants avant la séance, l’utilisation de l’escalier des niveaux et l’utilisation des questions suscitant la discussion pour chaque pratique.
En effet, avant, le facilitateur distribuait le cadre d’autoévaluation à chaque participant avant la séance, expliquait les pratiques et les niveaux et les participants se situaient par rapport à chaque pratique. La discussion s’effectuait plus ou moins normalement mais une certaine lourdeur se faisait sentir par la fait que certains participants, intellectuels surtout, restaient figés sur la grille pour y déceler des erreurs ou des incohérences. Les moins intellectuels, quant à eux, ne voyaient pas l’importance de cette grille, ils se contentaient simplement des explications du facilitateurs.
Actuellement, RDCCompétence ne distribue plus la grille avant la séance. Elle le fait après l’autoévaluation. Pour rendre la discussion naturelle, elle utilise un escalier qui résume les cinq niveaux de toutes les pratiques : le niveau 1 étant la connaissance superficielle, le 2 la connaissance suffisante, le 3 l’action sporadique, le 4 l’action régulière et le 5 l’action naturelle.
Le facilitateur pose ensuite une question spécifique au début de chaque pratique. Ceci permet à la communauté de discuter sur leurs réalités et se situer par rapport à l’escalier des niveaux affiché devant eux.
Exemple avec la pratique 2 : Inclusion
Le facilitateur peu choisir un des participants et lui poser la question de savoir quelle serait sa réaction si son voisin lui apprenait qu’il est séropositif. Le concerné aura une réponse qui suscitera sûrement la réaction des autres participants et provoquera des échanges de manière naturelle basés très souvent sur des expériences personnelles.
Après cela, le facilitateur revient sur l’escalier et adapte son explication à la pratique. Avec l’inclusion, le niveau 1 veut dire que nous reconnaissons l’importance de nous occuper des personnes et des familles affectées ou infectées, de leur inclure dans notre action mais nous ne savons pas comment le faire correctement.
Le niveau 2 veut dire que nous savons suffisamment comment les inclure dans notre action mais nous ne le faisons pas.
Le 3 veut dire que certains d’entre nous le font de temps en temps ou nous le faisons mais de manière ponctuelle.
Le 4 signifie que nous le faisons régulièrement mais c’est encore difficile.
Et le 5 veut dire que la participation des personnes et des familles affectées est devenue tellement naturelle chez nous que même ceux qui apprennent qu’ils sont atteints n’ont pas peur de le dire à tout le groupe car ils savent qu’ils ne courent aucun risque.
La foire d’échange, quant à elle, m’a fait comprendre que des personnes venant d’horizons différentes et travaillant dans des domaines différents peuvent se mettre ensemble et apprendre les uns des autres.
J’ai aussi compris qu’il ne faut pas attendre plusieurs autoévaluations de plusieurs communautés pour comprendre qui peut apprendre de l’autre et les mettre ensemble. Mais on peut commencer par mettre les gens ensemble autour de leurs forces et susciter un échange fructueux.
Merci à Bel compétence de nous avoir invité. Nous encadrons des Personnes Vivant avec le VIH (PVV) et les familles affectées qui viennent en majorité d’Afrique Centrale. La principale difficulté que nous rencontrons est la clandestinité des personnes infectées. Dans la plupart des cas, les PVV que nous encadrons cachent leur statut sérologique même aux membres de leurs familles. C’est vraiment un problème pour nous car nous sommes obligés d’accompagner ces familles sans leur dévoiler le statut d’un des leurs.
Aujourd’hui je viens de rencontrer des femmes d’Afrique centrale qui disent tout haut qu’elles vivent avec le VIH depuis plusieurs années et que leurs familles ici en Belgique et en Afrique le savent. C’est une chance pour nous de les rencontrer pendant cette foire car elles pourront nous aider, par leur expérience, à faire sortir les nôtres de la clandestinité.
Un des représentants de l’asbl Lhiving.
RDCCompétence a effectué 2 visites très riches en expériences en Belgique, mon souhait est qu’une visite des facilitateurs de bel Compétence en RDC soit organisée prochainement afin que nous puissions tous apprendre de l’expérience pratique sur le terrain avec des communautés différentes de celles de Belgique.
Eric NGABALA
You need to be a member of Community life competence to add comments!
Join Community life competence