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Voici un témoignage que m'a confié un ami burundais pour le partager avec vous. Nous avons, bien sûr, pris quelques précautions pour préserver son anonymat, compte tenu du contexte. (English translation follows).
Je m’appelle Diomède, et je suis gay...
Je m’appelle Diomède, je suis gay, j’ai 27 ans. Je suis l’aîné d’une famille de quatre enfants, une famille paisible qui m’a tout donné (je veux dire le
nécessaire sans pour autant accéder à tous mes caprices). Je suis né et
j’ai grandi en ville.
Actuellement je travaille pour une ONG où je suis responsable de questions sociales. Avant d’avoir cet emploi, j’étais bénévole dans l’association Humure qui lutte contre
toute forme de discrimination et pour l’épanouissement de ceux qui en
souffrent. Elle lutte aussi contre le sida.
Etre Gay au Burundi n’est pas chose facile, mais par rapport aux autres pays africains je dirais que nous vivons une conte de fée. Non pas que nous ne souffrions de discrimination, mais
celle-ci est atténuée par le fait que les burundais ont dans leur culture une
façon d’ignorer la vie des autres. Pour
nous c’est un atout : cela nous permet de vivre notre vie. Enfin, plus ou
moins...
En effet, je ne vis pas ma vie aussi pleinement que je le voudrais. Je dois me cacher parfois. Et puis, avoir une relation sérieuse avec un autre homme, c’est difficile. La plupart de
nous préfèrent aller chercher des hommes dans les bidonvilles. Là-bas, avec un
peu d’argent ou quelques Amstel tu
peux trouver quelqu’un pour une nuit. Il arrive, bien sûr, que l’on sympathise avec
la personne en question. Cette relation peut durer, mais toujours à condition d’offrir
au partenaire à boire ou de l’argent...
Certains de mes amis sont au courant de ma sexualité. Ils sont fiers de moi, pas parce que je suis gay mais parce que je suis une personne comme les autres mais avec une attirance
sexuelle différente.
Avant je me sentais isolé. Je n’arrivais pas à comprendre comment je pouvais éprouver du désir pour les hommes et je me renfermais dans ma coquille. C’était vraiment
horrible ! Je ne savais pas par où commencer pour le dire a mes amis, et j’ai
passé au moins dix ans à leur mentir et à me voiler la face. Heureusement pour
moi, en 2006, grâce à un ami j’ai adhéré à une association d’homosexuels de mon
pays. Elle travaillait dans la clandestinité mais cela a été pour moi un plaisir
énorme de rencontrer d’autres homosexuels et de pouvoir parler des problèmes que
nous rencontrons chaque jour.
J’ai constaté que la plupart des homosexuels qui faisaient partie de l’association n’étaient pas assez instruits, et ce principalement pour deux raisons : les uns n’avaient pas assez de moyens pour continuer
leurs études ; les autres avaient été chassés de la maison familiale par
des parents qui avaient préféré « chasser le démon » lorsque ils
avaient découverts l’homosexualité de leur enfant.
Dans ma famille, seule ma sœur est au courant (je l’ai su grâce à un ami). Mais pour elle, ce n’est pas un problème : du moment que je suis heureux, elle est heureuse. Je me dis que
mes parents se doutent de mon homosexualité mais préfèrent l’ignorer, alors j’attends qu’ils me le demandent pour en
parler. Ce jour-là, je leur dirai la vérité, et je sais que ce ne sera pas
facile pour un parent de savoir que son enfant chéri est attiré par une
personne de même sexe. Pas facile pour ce parent qui avait peut-être espéré avoir une belle fille, des petits enfants
etc.…
Cela dit, je m’entends très bien avec ma famille et on me confie beaucoup de responsabilités au niveau des affaires familiales
En avril 2009, le Burundi a voté une loi qui criminalise l’homosexualité. Ce fut - et c’est toujours - un coup de dur pour la communauté homosexuelle et pour les organisations des droits de l’homme. On n’arrive pas à comprendre ce
qui a amené le Parlement de notre pays à voter une loi pareille alors que dans
d’autres on est entrain de décriminaliser l’homosexualité. Nous avons reçu le
soutien de la société civile, de quelques députés et sénateurs et aussi celui,
très fort, des medias. Mais le parti au pouvoir est allé jusqu’à organiser une
marche de protestation pour condamner les homosexuels et ce fut le choc total
pour la communauté LGBTI (Lesbiennes,Gays, Bisexuels,Transexuels et Intrasex).
Maintenant je dirais que la situation s’est calmée, mais on fait toujours
attention à nos faits et gestes.
Dans notre association nous avons comme objectif la lutte contre le sida. Nous savons que les homosexuels sont plus contaminés que les hétéros et c’est
pourquoi nous organisons des séances de sensibilisation pour éradiquer ce fléau
parmi notre communauté. Nous cherchons aussi des partenaires pour nous procurer
les moyens de nous protéger.
Il y a dans notre association des homosexuels séropositifs. Nous les respectons beaucoup et ils nous donnent souvent des conseils. Certains disent qu’ils se
protègent et d’autres qu’ils oublient. On constate que les travailleurs de sexe
se protègent plus que les autres homosexuels non travailleurs de sexe.
J’ai connu la Constellation grâce à l’Association Burundaise de Lutte contre le Sida qui est partenaire de notre association Humure. Depuis, je suis membre de la Constellation
mais avec un seul regret, celui de ne pas participer beaucoup étant donné que
je travaille et habite a 3h30 de Bujumbura.
J’ai plein de rêves. Je veux tout d’abord parcourir le monde comme humanitaire. Dieu m’a donné beaucoup et j’ai envie de partager ce que j’ai reçu et être au
service des autres. Je veux aussi être un militant pour la communauté
LGBTI du Burundi et pouvoir défendre nos droits. Malheureusement nous n’avons
pas suffisamment l’occasion de partager nos expériences avec les pays où
les militants sont nombreux. Aussi, j’espère qu’à partir de ce témoignage
j’aurai l’occasion de connaître d’autres organisations LGBTI.
Je rêve également d’un monde meilleur où les homosexuels pourront vivre pleinement leur vie sans discrimination aucune, où nous serons respectés, pas pour notre orientation
mais par les activités que nous menons sur le plan politique, économique,
social, etc.
C’est aussi le rêve de chacun de mes amis du Burundi.
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